Ma nuit d'amour de Frédérique DEGHELT
Ma nuit d'amour de Frédérique DEGHELT
Edition Actes Sud Junior - Coll. D'une seule voix. 2011. 65 p.
4ème de couverture :
""Au moment de nous séparer, il se penche vers moi, mon coeur va exploser et il murmure à mon oreille la fameuse phrase qui s'infiltre dans tout mon être comme un poison : Bientôt, nous passerons toute une nuit ensemble toi et moi, et nous ferons l'amour. Je relève la tête. J'ai le corps à feu et à sang, j'arrête de respirer". Elle a quinze ans, et jamais aucun garçon ne lui avait dit une chose pareille. Mais que faire de cette promesse maintenant? Quand on promet une nuit à une fille, ça doit vouloir dire qu'on la désire vraiment, non? Pourtant, sitôt dite, la phrase devient doute dans son esprit."
Mon avis : ♥
"Quand on promet toute une nuit à une fille, ça doit vouloir dire qu'on la désire vraiment? Qu'on en rêve? Qu'on veut vivre une histoire d'amour avec elle et pas seulement le faire à la sauvette pour clamer qu'on est un mec..." p. 34-35.
C'est étonnant comme un roman peut à la fois vous surprendre et vous décevoir. C'est le cas de Ma nuit d'amour qui nous offre du très bon... et du très mauvais.
Ma nuit d'amour manque cruellement de crédibilité. Est-ce que ça vous est déjà arrivé à vous qu'un beau type de 7 ans votre aîné vous glisse à l'oreille sans aucun préambule qu'il veut vous faire l'amour? Personnellement, je crois que Chandler (de la série Friends, allez savoir pourquoi mais il me fait fondre toute entière) m'a déjà fait le coup une ou deux fois... Mais c'était en rêve, pas de bol. Et bien à notre héroïne, ça lui arrive en vrai. Elle a 15 ans quand le grand frère de sa meilleure amie lui susurre ses fameux mots de façon naturelle et sans complexe, et malgré le fait qu'ils se connaissent depuis des années et qu'ils n'ont jamais rien partagé de particulier. Oui, j'ai eu du mal à gober ça. Surtout que la jeune demoiselle - qui n'a quasiment jamais vécu d'histoires d'amour - n'est pas plus étonnée que ça et est même carrément emballée par la proposition...
Je vous passe les détails et les états d'âme de la jeune fille qui ne m'ont pas captivé plus que ça (mais il fallait bien remplir les pages de ce mini-roman). Allons donc à l'essentiel : ces deux jeunes gens pleins d'audace et de fougue vont effectivement faire l'amour. Et c'est là que ça devient intéressant. Les descriptions sont très bien écrites et on a l'impression d'y être. Pas de vulgarité, mais bien les mots justes pour décrire ce moment fort que partage les deux protagonistes. Et c'est là que réside la force de ce roman. Selon moi, il devrait être mis entre toutes les mains des jeunes filles (et des jeunes hommes tant qu'à faire) qui s'apprêtent à faire le grand saut. Bien meilleur qu'un livre d'éducation sexuelle, ce fameux passage de Ma nuit d'amour devrait rassurer celles et ceux qui ont peur d'avoir mal ou de mal faire. Car pour notre héroïne, vous l'aurez compris, c'est la première fois, et comme tout le monde finalement, elle s'en sort plutôt bien.
Un mot sur la fin : dé-sas-treuse! Le dénouement tombe carrément à plat, c'est à s'arracher les cheveux. *Frustration* Je déteste carrément ce genre de fin. Pour moi, l'auteur aurait dû s'arrêter quelques pages avant, à son apothéose...
A mon avis, essayer de motiver des gens à lire un roman pour son unique bon passage, c'est un peu comme brasser du vent. Vraiment dommage. Le temps fort du roman est ternit par tout ce qui l'entoure. Et pourtant s'il avait été mis un peu plus en valeur, ça aurait pu donné une très bonne histoire. C'est comme lorsqu'on reçoit un présent et que le papier cadeau est carrément moche : on n'a pas envie de l'ouvrir même si ce qu'il contient risque de nous plaire...
"Depuis toujours, je fuis ce que j'entends dans le récit pathétique des filles. La main sur l'épaule au cinéma, les pelotages de seins et autres conquêtes du corps à l'arrache, centimètres par centimètres. Tout cela me fait horreur. C'est pas de l'amour, c'est du grignotage." p. 42.
© Eloo 02/2012